L’assistant en soins infirmiers : un pont ou une ligne de fracture dans les soins ?
En 2023, la Belgique a introduit une nouvelle fonction : l’assistant en soins infirmiers. Ce profil occupe une position intermédiaire entre l’aide-soignant et l’infirmier, et vise à répondre à la pénurie croissante de personnel infirmier. Mais comment cette nouvelle fonction s’intègre-t-elle concrètement sur le terrain ?
Un mémoire récent — L’intégration de l’assistant en soins infirmiers dans les institutions de soins : une recherche qualitative — s’est penché sur cette question. Il explore la manière dont les équipes de soins et les responsables perçoivent l’arrivée de l’assistant en soins infirmiers dans les hôpitaux et les maisons de repos de Belgique francophone.
Une réponse à la crise des soins
Comme dans de nombreux pays, la Belgique fait face à une grave pénurie d’infirmiers. Des services ferment temporairement, des postes restent vacants et le vieillissement de la population accentue la pression sur le système de santé. L’introduction de l’assistant en soins infirmiers vise à alléger cette charge, en confiant à ce nouveau profil certaines tâches infirmières tout en soutenant les équipes sur le terrain.
Incertitudes et chevauchements
Cependant, l’étude montre que cette intégration ne va pas sans questions. Le rôle exact de l’assistant en soins infirmiers reste flou : certains le perçoivent comme un « aide-soignant renforcé », d’autres comme un « infirmier de deuxième niveau ». Cette ambiguïté entraîne des chevauchements de fonctions, voire parfois des tensions au sein des équipes.
Opportunités et inquiétudes
L’arrivée de ce profil peut contribuer à réduire la charge de travail, notamment dans les maisons de repos où les besoins sont les plus pressants. Mais plusieurs craintes persistent : celle d’un affaiblissement du rôle de l’infirmier, ou d’une baisse de la qualité des soins. Les aides-soignants, quant à eux, s’interrogent sur la place de leurs compétences récemment élargies face à cette nouvelle fonction.
Une responsabilité partagée
Les chercheurs concluent que l’assistant en soins infirmiers représente une opportunité réelle, à condition que son rôle soit clairement défini et mis en œuvre dans une logique de co-construction entre les décideurs, les établissements, l’enseignement et le terrain. C’est à cette condition que cette fonction pourra devenir un véritable pont dans l’organisation des soins — et non une ligne de fracture.